Rencontre + interview avec Kim Lê

Brutal. est allé à la rencontre de la céramiste Kim Lê dans son atelier parisien à l'occasion de son solo show du 14 au 19 juin 2022 chez Brutal. Partons à la découverte de son univers à travers une interview.

 

Quel est ton parcours et ta formation pour arriver à la céramique ? 
Initialement j’ai une formation d'architecte. Après mes études d'architecture, j’ai travaillé pendant 8 ans au Pavillon de l’Arsenal, un centre d’exposition à Paris dédié à l’architecture et l’urbanisme. J’y ai commencé en tant que commissaire d’expositions, pour ensuite devenir responsable des expositions. 
Cette expérience m’a beaucoup appris et me sert continuellement dans ma pratique et la gestion de l'atelier : conceptualiser et mener à terme un projet, construire une démarche, avoir la capacité de s’auto-critiquer, tenir des délais de fabrication, développer des outils de communication, gérer un budget, par exemple.
Pendant que je travaillais là-bas, j’ai découvert la céramique par le biais de cours de loisirs en 2017. J’ai débuté avec une initiation de modelage, mais j’ai vite été attirée par le tournage et c’est rapidement devenue une passion. De fil en aiguille, la céramique a pris le pas sur l’architecture et fin 2019 j’ai quitté mon travail pour ouvrir mon atelier en 2020. 
Es-tu autodidacte ou as-tu appris de quelqu'un d'autre? 
En ce qui concerne le tournage, j’ai appris à tourner pendant deux ans, de 2017 à 2019, en cours hebdomadaires à l’atelier In Girum Céramiques, avec Guillaume Taliercio. Parallèlement aux cours, pour progresser plus rapidement, je me suis installée dans un atelier partagé en 2018 et ce qui m’a permis de pratiquer d'avantage en dehors de mes horaires de travail.
Pour la recherche d’émail, j’ai suivi une formation de 2019 à 2020 à l’école Arts et Techniques Céramiques, auprès de Christophe Bonnard. Depuis, régulièrement je continue à me former, que ce soit pour le tournage et d’autres modes de cuisson. Je n’ai donc pas vraiment eu de formation académique concernant la céramique, je me suis formée petit à petit, selon mes envies et mes besoins.
Te souviens-tu de ta première pièce ? 
Je ne me souviens pas exactement de la toute première pièce, mais une des premières pièces que j’ai tourné et que j’ai toujours à la maison est une petite bouteille ronde, avec un émail vert mat. Je l’ai tournée au début de mon apprentissage, après en avoir raté un certain nombre. Elle est maladroitement tournée, très épaisse en bas et donc mal équilibrée mais j’y suis très attachée. Guillaume m’avait laissée la défourner, c’était la première fois que j’ouvrais un four et que je découvrais les résultats d’une cuisson en céramique. J’ai le souvenir d’avoir été très émue. C’est un des moments importants dans mon parcours qui m’a donnée envie de poursuivre et d’aller plus loin. J’avais envie de vivre ça au quotidien.
Quelle est ton processus de création et de fabrication ? 
Je commence toujours par dessiner, puis je pioche dans les formes que j’esquisse. Puis je les tourne, j’observe, j’ajuste. Je vois ensuite comment l’émail vit sur la forme, puis je fais évoluer ces formes, cuisson après cuisson.
Comme en architecture, je procède de manière itérative. De ces formes, j’en fais parfois des séries, parfois elles restent à l’état de pièce unique. Certaines reviennent à chaque saison, d'autres non. Je vois ça comme un grand chantier. Des formes que je préfère fabriquer, j’en change les proportions, je les décline pour leur attribuer différents usages, et c’est un exercice infini. Au fur et à mesure, je tends à développer un répertoire de formes et de couleurs avec lequel je me sens alignée.

Qu'est ce qui t'inspire en dehors de la céramique ? 

De part mon parcours, l’architecture bien sûr. Et en particulier l’architecture moderne et contemporaine. Le travail de certains architectes japonais comme l’agence SANAA ou encore Junya Ishigami m'ont fortement marquée pendant mes études et par la suite. Puis il y a le design nordique également : j’ai vécu un an en Finlande, à Helsinki pendant mes études et cette expérience a été extrêmement formatrice à tous les niveaux. Sinon la musique que j’écoute à l'atelier, l'atmosphère des rues parisiennes, les paysages du Morvan quand les beaux jours arrivent, sont également d’inépuisables sources d’inspiration au quotidien, tant esthétiquement qu’intellectuellement.

Peux tu nous parler d'un ou des plusieurs livres sur la céramique ou sur autre chose d'ailleurs ? 
J’ai récemment parcouru une monographie de Jasper Morrison, designer dont j’admire le travail, qui s’appelle « A Book of Things ». C’est une publication qui retrace son travail à travers une collection d’objets et surtout une succession d’histoires derrière ses objets. Les textes sont succincts, remplis d’anecdotes et d’observations sur ce qui l'entoure, et qui expliquent comment il en est arrivé à penser ces objets. La façon qu’il a de porter un regard sur les détails de l’ordinaire pour en extraire quelque chose d’extraordinaire est très inspirante. 

 

 

Vernissage public
" les soliflores"
le mardi 14 juin 2022, à 17h
19 rue Pétion, Paris 11 ( Métro Voltaire)
Nous serons ravis de vous accueillir chez Brutal Ceramics pour vous montrer le travail exceptionnel exposé de Kim Lê.


Talk / Discussion avec Kim Lê
le jeudi 16 juin 2022 à 10h jusqu'à 12h
La céramiste Kim Lê evoquera son parcours de céramiste, et répondra à vos questions.


Exposition / vente "les solifores"
Dès le mercredi 15 juin jusqu'au dimanche 19 juin de 12h à 19h.
19 rue Pétion, Paris 11 ( Métro Voltaire)