Rencontre + Interview de Stéphane Raymond d'Atelier Setsuko

Brutal. est allé à la rencontre de la céramiste Stéphane Raymond dans son atelier à Paris. Elle a fondé l'Atelier Setsuko. Partons à la découverte de son univers à travers une interview.

 

Quel est ton parcours et ta formation pour arriver à la céramique ? 

J'ai depuis mes 16 ans toujours pratiqué la photographie et au lycée j'avais monté un petit labo pour développer les rouleaux noir et blanc et faire des tirages. Après le bac j'ai suivi des études supérieures de cinéma à la Fémis dans le département image. Pendant 4 ans j'ai étudié la lumière et le cadre au cinéma. Une grande partie de la formation se déroulait autour de la pellicule, de son exposition et des choix de développement. J'ai ensuite travaillé 10 ans sur les tournages en temps qu'assistante caméra et chef opératrice. Les outils du cinéma ont très vite évolués vers le numérique. En 2012 j'ai commencé à prendre en loisir des cours de tournage céramique dans un atelier tenu par une japonaise, Kayoko Hayasaki. Le contact avec la terre m'a tout de suite beaucoup plu. J'ai passé 4 ans dans cet atelier, sans réel guidage, mais avec une grande liberté et la bienveillance nécessaire pour avoir envie d'aller plus loin. Après la naissance de ma fille, une vie faite de tournages parfois lointains et irréguliers était compliquée à organiser et je sentais qu'il me manquait quelque chose. J'ai profité d'un moment de calme pour commencer une formation professionnelle à Montreuil dans l'atelier "Les chemins de la céramique". Au bout d'un mois de formation c'était clair dans ma tête. Je voulais ouvrir mon atelier à Paris et donner des cours. J'ai trouvé un local très rapidement après la formation et l'atelier est maintenant ouvert depuis 2 ans et demi. J'ai retrouvé dans la lenteur du travail de la terre, dans la recherche des émaux et l'aléatoire des cuissons, la magie que j'avais aimé puis perdu dans le cinéma avec la disparition de la pellicule. Et puis je reste dans le tournage !

Rencontre et interview de l'atelier Setsuko pour Brutal CeramicsRencontre et interview de l'atelier Setsuko pour Brutal Ceramics

Es tu autodidacte ou as-tu appris de quelqu'un d'autre? 

Je dois tout à ma prof de Montreuil, Luna Salinas, qui a été formidable, a su me guider et me donner confiance.

Te souviens tu de ta première pièce ?

Absolument pas. Par contre je me souviens de la première grande pièce qui s'est mise à chanter quand j'ai refermé son col. Sur le tour, la caisse de résonance qu'est un grand pot rempli d'air émet un chant lorsqu'il tourne. C'était magique et surprenant. J'avais l'impression que la terre me parlait. Ça peut paraître un peu ridicule mais pour moi c'était une vraie épiphanie.

Comment définirais-tu ton travail ? 

Un travail physique et créatif, humble et interminable. 

Rencontre et interview de l'atelier Setsuko pour Brutal CeramicsRencontre et interview de l'atelier Setsuko pour Brutal Ceramics

Quel est ton processus de création et de fabrication ? 

Je n'ai pas encore de véritable "truc" de fabrication, mais disons que ce qui m'intéresse avant toute chose c'est le travail de la matière. J'aime les choses simples, les textures brutes, les émaux blancs, les couleurs de la terre, les patines. Je n'en suis qu'au tout début de ma recherche.

Rencontre et interview de l'atelier Setsuko pour Brutal Ceramics

Quelle est ta technique favorite ? Ton moment préféré dans le processus ?

J'aime tous les moments, toutes les techniques. Vraiment. Je crois que c'est la variété qui me plaît.

Quel est ton matériau de prédilection ? Qu’est-ce qui te plaît chez lui ?

Le grès pour sa solidité, ses impuretés, sa "naturalité".

Rencontre et interview de l'atelier Setsuko pour Brutal CeramicsRencontre et interview de l'atelier Setsuko pour Brutal Ceramics

Qu'est ce qui t'inspire en dehors de la céramique ? 

L'art en général, la peinture, la photo, les arts dit "premiers" surtout, les musées, la cuisine, les voyages, l'Asie. Je suis quelqu'un de naturellement très curieux.

Peux tu nous parler d'un ou des plusieurs livres sur la céramique ou sur autre chose d'ailleurs ? 

"Artisan et inconnu" de Soetsu Yanagi est ma bible. "La sagesse du potier" de Jean Girel que j'ai lu au début de ma formation m'a énormément parlé. J'aime beaucoup Jean Girel. Je conseille fortement un très beau film sur une partie de ses recherches qui s'appelle "Yohen, l'univers dans un bol" de Yannick Coutheron. Un bijou.

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Quels sont tes derniers voyages marquants ou tes envies de voyages ? 

Le Japon, toujours, évidemment. La culture japonaise m'a toujours nourrie. Et le lien avec ce pays ne se détend pas, il se renforce. Mais j'aime aussi avoir la nostalgie du Japon. Et puis je limite au maximum l'avion depuis quelques temps. Alors retourner au Japon bien sûr mais longtemps et pas souvent. La Corée m'intéresse depuis des années mais je n'y suis jamais allée. J'aime bien faire maturer le désir de voyage pendant un bon moment, au travers des lectures et des films. Mais comme je l'ai dit le voyage en avion pour moi c'est un peu compliqué. Les aéroports que j'aimais tellement quand j'étais petite me dégoûtent maintenant. Ils sont le lieux d'une consommation débridée irresponsable et vulgaire. J'ai toujours beaucoup aimé l'Italie et le Royaume-Uni et je peux affirmer que les prochains voyages se feront en train de nuit pour Venise... ou l’Écosse. Je rêve également de montagne. L'été. Les Alpes c'est magnifique. La Méditerranée... Stromboli... Amorgos... En résumé je suis fascinée par les volcans, les îles et les montagnes. 

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