Rencontre + interview avec Eugénie de l'Atelier Tskumogami
Brutal. est allé à la rencontre de la céramiste Eugénie de l'Atelier Tsukumogami dans son atelier à Montreuil. Partons à la découverte de son univers à travers une interview.
Quel est ton parcours et ta formation pour arriver à la céramique ?
Mon arrivée dans la céramique est issue d'une reconversion. Avant j'étais designer dans le jeu vidéo. C'est à la lecture d'un roman japonais que j'ai ressenti un appel viscéral de la terre. Dans la foulée, j'ai tout quitté pour me lancer dans cette aventure créative.
Es tu autodidacte ou as-tu appris de quelqu'un d'autre?
J'ai éternellement soif d'apprentissage, j'absorbe tout ce que je trouve au maximum avant de me lancer dans un projet. Ainsi, j'ai fait le choix d'apprendre le métier dans un atelier-école pendant 1 an et de passer le CAP tournage à la fin.
J'ai été plus autodidacte pour le kintsugi (technique japonaise de réparation de céramique magnifiant les cicatrices de la casse au lieu de les camoufler) qui est la deuxième facette de mon métier. J'ai commencé seule puis ai solidifié mes connaissances auprès d'une maitre kintsugi pour pouvoir me professionnaliser.
Te souviens tu de ta première pièce ?
Un petit bol modelé, un peu chaotique. Je l'utilise quotidiennement et c'est d'ailleurs ma pièce préférée. Il est lié à une émotion très forte que j'ai découverte en moi lors de ce premier contact avec la terre.
Comment définirais-tu ton travail ?
Spontané. J'aime jouer avec la personnalité de la matière. Elle a autant de choses à exprimer que moi, et j'accepte de me laisser guider par elle malgré le rendu que je peux imaginer en amont. On travaille main dans la main, pour le meilleur et parfois pour le pire !
Quel est ton processus de création et de fabrication ?
Je m'inspire des paysages naturels qui m'ont particulièrement marquée lors de mes fréquents voyages au Japon : atmosphère, couleurs, textures, émotion qu'ils ont fait naître en moi... Je fais en sorte de les faire revivre à travers l'objet que je façonne.
Quelle est ta technique favorite ? Ton moment préféré dans le processus ?
Ce que j'aime par dessus tout c'est l'émail et le jeu des couleurs. Tremper les céramiques dans ce mélange qui ne laisse rien présager du résultat final, et sans cesse avoir des surprises à l'ouverture du four. Un résultat certain m’ennuierait profondément !
Quel est ton matériau de prédilection ? Qu’est-ce qui te plaît chez lui ?
Le grès moucheté, à l'aspect rustique et résistant. Il n'a besoin de rien pour habiller une table !
Qu'est ce qui t'inspire en dehors de la céramique ?
Un rayon de lumière qui donne une perception différente d'un objet, une gamme de couleurs et de textures, peu importe tant que c'est quelque chose que je perçois dans un environnement naturel et sauvage.
Peux tu nous parler d'un ou des plusieurs livres sur la céramique ou sur un autre chose d'ailleurs ?
Je ne peux que parler de "L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage" dans lequel, en quelques lignes seulement, Haruki Murakami décrit avec des mots puissants le travail et le lieu de vie d'un couple de céramistes. C'est ce livre qui est à l'origine de ma reconversion !
Quels sont tes derniers voyages marquants ou tes envies de voyages ?
Je suis tellement amoureuse du Japon que je n'arrive pas à voyager ailleurs. Mais, désormais, j'ai envie de me focaliser sur les merveilleux paysages dont la France regorge.