Rencontre + interview avec Madoka Rindal

Brutal. est allé à la rencontre de la céramiste Madoka Rindal dans son atelier à Romainville. Partons à la découverte de son univers à travers une interview.

 

Quel est ton parcours et ta formation pour arriver à la céramique ? 
J’ai étudié le graphisme qui a été mon métier pendant plus de 10ans, surtout dans la presse, mode, édition… Puis quand j’ai eu ma fille cadette en 2013, j’ai commencé à prendre des cours de céramique, j’en avais l’envie depuis plusieurs années mais je n’avais pas trouvé le temps jusqu’à ce moment là. Ma fille avait à peine 1 mois quand j’ai commencé, je me rappelle avoir eu des montées de lait pendant mes premiers cours…! 
Es tu autodidacte ou as-tu appris de quelqu'un d'autre? 
J’ai commencé par des cours hebdomadaires de modelage que j’ai suivi pendant 2 ans puis une formation de fabrication d’émaux. Après je me suis lancée seule dans mon atelier. J’ai dû faire beaucoup d’erreurs et tâtonner car je ne connaissais pas de céramistes autour de moi pour partager mes questionnements et mes expériences. Mais le fait d’être seule face à mes erreurs m’a aidé à développer ma propre façon de travailler.
Rencontre et interview avec Madoka Rindal sur Brutal Ceramics
Te souviens tu de ta première pièce ?
Oui c’est un petit bol triangulaire en grès blanc avec des rayures gratté à l’extérieur et un émail transparent, la base du bol étant arrondie il n’est absolument pas stable. Mais nous continuons à l’utiliser à la maison malgré les sueurs froides qui accompagnent son utilisation. 
Comment définirais-tu ton travail ? 
Je fabrique des pièces utilitaires pour un usage quotidien; elles sont faites au modelage, cela donne des formes légèrement biscornues.
Sur mes pièces en grès roux que j’émaille en blanc, je dessine des visages.
J’ai grandi au Japon où traditionnellement on croit qu’un esprit habite les objets, les plantes, les rivières, les pierres, les montagnes ou les lieux, les arbres centenaires sont considérés comme sacrés.
Le geste de dessiner des visages sur mes céramiques est un moyen de me rappeler cette croyance et de la transmettre à ma façon.
Rencontre et interview avec Madoka Rindal sur Brutal CeramicsRencontre et interview avec Madoka Rindal sur Brutal Ceramics
Quel est ton processus de création et de fabrication ? 
La plupart du temps je note sur papier les idées en dessin quand elles me viennent, puis j’essaye de les réaliser en terre quand j’ai le temps. 
Quelle est ta technique favorite ? Ton moment préféré dans le processus ?
Ma technique favorite est le modelage sans hésiter, et mon moment préféré la première étape de modelage où on prend la boule de terre et on commence à la former avec ses mains petit à petit, cette sensation que tout est encore brute avec l’espoir d’arriver à quelque chose de plus fin.
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Quel est ton matériau de prédilection ? Qu’est-ce qui te plaît chez lui ?
J’utilise un grès roux et un grès noir à grosse chamotte. J’aime ces 2 terres pour des raisons différentes mais complémentaires; le roux me permet d’avoir une sorte de toile blanche pour dessiner et le noir chamotté pour la nature de cette terre brute et expressive à elle seule.
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Qu'est ce qui t'inspires en dehors de la céramique ? 
Toute sorte de chose dont je vais sentir une connexion intime. C’est très vaste et floue mais ça peut aller de l’art en général jusqu’à des choses plus spontanées comme une conversation, une expression du visage, un bruit… après je ne dis pas que toute inspiration aboutie forcément à une pièce en céramique, au contraire…!
Peux tu nous parler d'un ou des plusieurs livres sur la céramique ou sur autre chose d'ailleurs ? 
Un des seuls livres que j’ai lu sur la céramique est “Le livre du potier” de Bernard Leach, c’était très intéressant pour moi japonaise qui ai appris la céramique en France, de lire sur les traditions céramiques japonaises à travers le regard d’un Européen de cette époque du début du siècle dernier.
“Wabi-Sabi for Artists, Designers, Poets & Philosophers” est un des livres que j’ai lu au début de ma période céramique qui m’a aidé à assumer mes choix esthétiques.
Et un dernier livre classique mais un ever green  “Lettres à un jeune poète” de Rilke que j’ai lu avant de devenir céramiste et qui m’a donné beaucoup de courage.
Quels sont tes derniers voyages marquants ou tes envies de voyages ? 
Je ne voyage pas beaucoup vers de nouvelles destinations en ce moment depuis que j’ai des enfants car je suis une japonaise qui vit à Paris, mariée à un norvégien, ce qui fait que nos voyages se limitent aux visites de nos familles respectives. Même si cela est très agréable et important je rêve de refaire un grand voyage comme nous avions fait avant de devenir parents. C’était un voyage de 3 mois pendant lesquels nous avions traversé l’Eurasie: nous étions parti de Stockholm, puis passé par Helsinki, St Petersbourg et monté à bord du transsibérien à Moscou jusqu’à Oulan-Bator en Mongolie où nous avons séjourné dans un yourt en pleine steppe, en s’arrêtant par Kazan, Yekaterinburg, le lac Baikal, puis traversé la Chine en train et bus en découvrant dans les régions les plus reculées pour aller à Hanoi où nous avions voyagé dans le nord du pays en moto pendant 3 semaines. J’ai hâte de pourvoir faire un voyage de ce genre avec mes enfants!

 

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