Rencontre + interview avec Hortense Montarnal
Brutal. est allé à la rencontre de la céramiste Hortense Montarnal dans son atelier à quelques kilomètre au nord de Lyon. Depuis, Hortense a déménagé à quelques mètres de là pour un atelier un peu plus grand . Partons à la découverte de son univers à travers une interview.
Quel est ton parcours et ta formation pour arriver à la céramique ?
Après une vie professionnelle dans les RH jalonnée de burn out, j ai pris la décision d’arrêter de travailler dans ce domaine ce qui remettait en cause complètement mon futur professionnel. Une réflexion s’engage; j’explore les possibilités qui s’offrent à moi et en parallèle je décide de me faire plaisir et de faire des choses que je n’avais jamais eu le temps de faire. Je m’inscris alors à un cours de poterie et la deuxième année, je mets en perspective mon envie d’être à mon compte avec un projet professionnel dans la céramique. Je m’inscris à une formation pénale une année puis à l’issue je travaille dans un coin de ma maison dans un tout petit espace... L’année suivante j’installe mon atelier dans une maison que nous avons construite sur notre terrain. Trois ans après, devenu trop petit je m’installe dans un atelier plus grand et adapté à ma production.
Es tu autodidacte ou as-tu appris de quelqu'un d'autre?
J'ai appris à tourner pendant ma formation. Je n’ai jamais fait de stages auprès de personnes plus expérimentées, j’ai commencé avec ma petite base et appris beaucoup au gré des difficultés qui sont très vite arrivées, en faisant des erreurs. J’ai beaucoup appris de mes échecs et je rencontre encore beaucoup de difficultés ce qui me fait comprendre sans cesse de nouvelles choses. Depuis 2 ans, je travaille l’émail que j’apprends seule de façon empirique avec des livres et beaucoup d’essais.
Te souviens tu de ta première pièce ?
Je me souviens de la première fois où j'ai tourné, cette euphorie qui m'a prise parce que j'ai immédiatement trouvé cela magique. Cette sensation unique quand la terre monte. Et reconnecter avec les sensations, répéter les gestes jusqu’à ce que les mains fassent seules et que la tête ne contrôle plus les mouvements. J'ai conservé les pièces seulement pour me rappeler les sensations procurées et ne pas les oublier. J'étais plus du genre à ne pas garder les pièces, à faire pour apprendre.
Authentique, je recherche que les pièces soient avant tout pratiques et s’intègrent dans l’intérieur de chacun, simplement. Que les émaux soient dans la justesse avec les formes. Une recherche aussi à la fois du beau et du pratique pour l’émail tout en tenant compte des contraintes de l’utilitaire : que ça passe au lave vaisselle, que ce soit "food safe", qu’il n’y ait pas de marques de couverts, ce qui rajoute un élément contraignant. C’est un vrai challenge de proposer des couleurs variées avec cette contrainte ...
J'ai mis énormément de temps à trouver une terre qui correspondent aux formes que je voulais développer. J’ai mis en place une ligne courte qui correspond aux essentiels. Je ne vois pas dans l’abstrait j’ai besoin de voir ma pièce finie. Je dessine très sommairement pour voir les proportions mais je ne vois que le concret, d’où de nombreux essais.Ensuite, quand je tourne une série, comme les gestes sont mécaniques ça me permet de réfléchir à de nouvelles choses.Je fais toujours au début ou à la fin d’une série des prototypes de pièces nouvelles de façon spontanée pour voir où cela me mène.Si c’est une demande d’un chef, il me fournit son besoin, la forme qu'il souhaite et je fais plusieurs prototypes avec des variations pour voir aussi si le modèle est tenable en production. Tout en conservant mon propre style.
Je tourne 100% de ma production. Et ce que je préfère ce sont les sensations du tournage des mains sur la terre, de voir l’objet sortir d’une boule de terre.Et l’ouverture d’un four d’émail qui peut être une grande joie ou une grande déception.
Quel est ton matériau de prédilection ? Qu’est-ce qui te plaît chez lui ?
Je travaille le grès. Pour son comportement, sa couleur qui correspond à cette recherche d’authenticité, sa réaction avec les émaux. Je rajoute d’autres terres pour lui donner un rythme différent et lui imprimer mon identité.
Qu'est ce qui t'inspires en dehors de la céramique ?
Je regarde beaucoup autour de moi et je vois de la beauté n’importe quel petit détail : la nature, les paysages, les couleurs des choses qui nous entourent.
Peux tu nous parler d'un ou des plusieurs livres sur la céramique ou sur autre chose d'ailleurs ?
La monographie de Michelle et Jacques Serre, "2 Potiers" de Thomas Leporrier. J'ai rencontré Thomas lors de l'écriture de cette belle monographie sur le travail de ce couple de potiers clermontois, j'ai la chance de posséder plusieurs pièces de ces artistes qui me fascinent dans leur esthétique et la perfection des émaux.
Quels sont tes derniers voyages marquants ou tes envies de voyages ?
L’île Maurice, un vrai besoin de repos à ce moment là . Je suis rentrée ressourcée comme jamais? En prochaine destination : le Japon !