Rencontre + interview avec Catherine Dix Ceramics
Brutal. est allé à la rencontre de la céramiste Catherine Dix Ceramics dans son atelier à Montreuil. Depuis peu, Catherine a déménagé à quelques mètres de là pour un atelier un peu plus grand . Partons à la découverte de son univers à travers une interview.
Quel est ton parcours et ta formation pour arriver à la céramique ?
J’ai découvert la terre chez Marcel Muller à la Poterie de Lucante dans l’Aveyron. J’ai passé 2 mois magiques dans son hameau à découvrir les différentes pratiques liées au métier de potier. J’ai été happée par la terre et ensorcelée par le travail sur le tour. J’ai continué ma formation avec Thierry Fouquet à Atelier Chemins de Terre à Montreuil, en loisir dans un premier temps puis en formation CAP tourneur.J'ai ensuite passé 4 mois avec Augusto Tozzola pour apprendre une technique de tournage complètement différente.En céramique, on n'a jamais fini d’apprendre, et je compte bien continuer à découvrir des techniques qui puissent me faire évoluer dans mon travail, cuisson four à bois et anagama (grand four japonais), façonnage au pot pincé, préparation artisanale de l’argile, etc...
Te souviens tu de ta première pièce ?
Oui ! C’est un petit bol mal foutu, façonné au tour, trop épais et mal tournassé. Il est blanc et a été cuit avec la technique du Raku, il a donc des trésaillages noirs très beaux. Malgré le manque criant de technique, il a été fait avec une grande détermination et ça le rend beau. Je l’ai gardée bien sûr ! On a toujours de la tendresse pour ses toutes premières pièces, il faut impérativement en garder quelques-unes.
Comment définirais-tu ton travail ?
Un travail d’architecte équilibriste !
Quel est ton processus de création et de fabrication ?
Je travaille à l’instinct, je ne fais pas de dessin préparatoire. Après avoir façonné les différents éléments de mes bouteilles (corps, pieds, goulots), je passe à l’assemblage en cherchant l’équilibre qui me parait le plus juste. Je finis par la pose de l’anse qui va définitivement donner son identité à la pièce.
Quelle est ta technique favorite ? Ton moment préféré dans le processus ?
La pose de l’anse car c’est le moment où j’ai l’impression de « faire connaissance » avec ma bouteille. Elle lui apporte sa personnalité propre qui fera d’elle une pièce unique.
Quel est ton matériau de prédilection ? Qu’est-ce qui te plaît chez lui ?
J’en ai deux. Ce sont deux grès complètement différents l’un de l’autre mais avec une "forte personnalité ». Un grès brun qui donne un aspect primitif à mes bouteilles et sur lequel les émaux sont toujours sublimes et un grès blanc extrêmement chamotté au point qu’il est parfois douloureux de le travailler. Il ressemble à du mortier et donne un caractère brut mon travail.
Quelles sont tes inspirations et qu'est ce qui t'inspires en dehors de la céramique ?
Je trouve mes inspirations dans l’architecture et dans tout ce qui est architecturé en général mais également dans les poteries primitives. J’aime la simplicité et la force de certaines céramiques anciennes qu’elles viennent d’Asie, d’Amérique Latine ou de la campagne française. Je ne suis pas attirée par les fioritures ou les choses trop chargées. Je préfère quand tout est dit avec très peu de moyens.En dehors de la céramique, je suis attirée par le bois, le plâtre, tout ce que l’on peut travailler en volume, mais aussi par la gravure que j’aimerais apprendre.
Peux tu nous parler d'un ou de plusieurs livres sur la céramique ou sur autre chose d'ailleurs ?
Comme beaucoup de céramistes, j’ai commencé par « Le livre du potier » de Bernard Leach. Lorsque j’ai commencé le tournage, j’ai acheté « Technique du tournage » de John Colbeck qui est très bien pour accompagner sa formation sur le tour. Et puis il faut impérativement avoir « Pratique des émaux de grès » de Daniel de Montmollin si on travaille cette argile. Les livres sont mon péché mignon, j’en ai un tas sur la sculpture, sur l’architecture, sur l’Art en général.
Quels sont tes derniers voyages marquants ou tes envies de voyages ?
Je suis partie à Bali il y a 2 ans, un endroit sublime et les Balinais sont probablement les gens les plus adorables et souriants que j’ai été amenée à rencontrer. J’aimerais aller en Inde et en Écosse mais mon rêve ultime de voyage reste le Japon où j’aimerais passer plusieurs mois chez un maitre potier.